A Montreuil, la Maison Montreau IN-lluminée en mode écoresponsable
Le 15 octobre 2021Le concours In-design et réemploi en Seine-Saint-Denis a rendu son verdict mardi 12 octobre : le jury d’ambassadeurs du In a sélectionné « Zamio », lampe de bureau, créée par le collectif des « Artisans Designers Ultras Chauds. » Leur luminaire rejoindra les dix chambres de la Maison Montreau. Retour sur les coulisses d’un choix forcément éclairé…
A Montreuil, la journée du 12 octobre fut lumineuse… Pas simplement parce qu’un soleil d’automne dardait de ses rayons la Maison Montreau, mais surtout parce que les anciennes écuries du château éponyme étaient l’hôte du jury du concours In-design et réemploi lancé cet été à destination des jeunes talents créatifs du territoire avec l’objectif de fabriquer un prototype de lampe de bureau écoresponsable. Lesquelles viendront bientôt prendre place à l’étage du tiers-lieu In Seine-Saint-Denis qui développe, entre autres, une activité d’hôtellerie.
Mais, avant cela, était enfin arrivé l’heure du « grand » oral de présentation des cinq créations issues d’une première présélection. Le moment de renouer avec « un peu de l’histoire créative de la Seine-Saint-Denis puisque dans notre département, on fabriquait des poupées, des jouets en bois, des baignoires, remarquait avant de lancer les présentations Bélaïde Bedreddine, vice-président du Conseil départemental en charge de l’écologie urbaine et membre du jury d’In-design. Une histoire qui continue d’une autre manière puisqu’aujourd’hui, le 93 est devenue la capitale des solutions alternatives pour fabriquer du beau, de façon écoresponsable à des prix accessibles. »
L’enfance de l’art…
Du système D made In Seine-Saint-Denis décliné par exemple sous la forme de la lampe béquille sortie de l’imagination de Maud Supplies, éditeur à Aubervilliers de mobiliers fabriqués à partir de matériaux bruts. Deux béquilles recalées par l’industrie médicale pour de menus défauts qui ont généré une « lampe qui pourrait presque être assemblée par des enfants. »
L’enfance de l’art qui était aussi une des clés du concept gagnant du concours, la lampe Zamio conçue au sein de l’Orfèvrerie de Saint-Denis par Arti-Chô, autrement dit le collectif des « Artisans Designer Ultras Chauds » –lire ci-dessous : « Ce qu’on a voulu proposer, explique Mathilde Héraut, l’une des trois porteuses du projet, c’est aussi un modèle de lampe facilement réplicable dans le cadre d’ateliers participatifs avec des plus jeunes. » Rien de plus simple en effet puisque Zamio s’articule autour de deux chutes de matériaux en bois et de cordages également récupérés sur des chantiers. Avec un nom qui fait référence au zamioculcas, une plante économe en arrosage.
L’œil de la mode
De quoi donc emporter largement les suffrages du jury à commencer par celui de Morgane Mazain, la directrice de la Maison Montreau : « Non, seulement, c’est un projet qui s’intègre dans l’univers boisé des chambres de la Maison, mais ce pourrait être effectivement un support de futurs ateliers créatifs. »
Exactement ce que l’œil de la modeuse, Nadine Gonzales, créatrice de l’école de mode Casa93 et membre du jury, a tout de suite flashé, repérant « une lampe qu’on pourra personnaliser avec du textile de plein de manières différentes. »
Conclusion, il y aura l’embarras du choix dans les boutiques des Tatas Flingueuses où sera commercialisée Zamio. Mais, pas seulement puisque parmi les jurées, Deo-Linda Mota, la directrice des Tatas a aussi eu le coup de cœur pour la lampe Nuage de l’Atelier R-are à Romainville qu’elle destine à sa boutique Les Enfants Terribles de Montreuil dédiée aux « juniors ». Sans oublier le prix du public du In-design remporté par la 402 mL de la Noue Atelier, une bombe de peinture recyclée par Charlotte Winé et Ludovic Buron au sein du Fablab Ici Montreuil. Trois lampes qui pourraient bien être l’objet d’une vente-éclair…
Arti-Chô devant !
Déjà lauréats de l’Appel à Agir In Seine-Saint-Denis 2021 avec son projet d’une « gamme de mobilier accessible à toutes et tous, en matériaux de réemploi et made in Saint-Denis », le collectif Arti-Chô était représenté par un duo très In à la Maison Montreau : William Gomes, 26 ans, a grandi à Bobigny et Mathilde Héraut, 25 ans, est née du côté de Tremblay-en-France, avant de se retrouver bien plus tard sur les bancs d’un même formation à Vitry-sur-Seine, le Diplôme supérieur d’arts appliqués alternatives urbaines. Une formation qui les a amenés à se lancer sur différents projets avec des bailleurs sociaux ou encore à travailler sur l’aménagement du potager de la friche Terre Terre à Aubervilliers. En 2020, le collectif implanté au sein de l’Orfèvrerie de Saint-Denis intervenait aussi lors d’ateliers participatifs au cœur de la résidence des Ruffins à Montreuil au moment des travaux de réhabilitation de la résidence en « poétisant le temps du chantier par une approche artistique et une appropriation des espaces. »
Une démarche participative qui se nourrit aussi « de rencontres comme celles faites lors de ce concours In-design qui permet, à la différence de beaucoup de concours, de vraiment partager notre travail, d’échanger avec d’autres projets qu’on n’a pas forcément l’occasion de croiser. »
Avec pourquoi pas de nouvelles collaborations en perspective même si la prochaine priorité est de livrer la commande -assortie d’un prix de 1 500 euros- des dix lampes de la Maison Montreau.
Et pour découvrir ou redécouvrir toutes les créations exposées à notre jury, c’est ici !
Frédéric Haxo
Crédits photo : Sophie Loubaton pour In Seine-Saint-Denis