L’ESS vue par celles et ceux qui la font vivre au quotidien In Seine-Saint-Denis

Le 10 novembre 2021
A l’occasion du Mois de l’Économie Sociale et Solidaire, le In Seine-Saint-Denis donne la parole à différents acteurs de ce mouvement pour une économie plus juste. Lauréats de l’Appel à Agir In Seine-Saint-Denis 2021, ils et elles nous racontent leur manière de faire vivre au quotidien un autre modèle de développement aux quatre coins du département.

 

 

LA MAIN FINE

 

« L’ESS, un pilier de notre action »

 

La Main Fine, chantier d’insertion qui s’appuie sur la couture et la coiffure, développe ses activités dans ses boutiques du centre-ville de Saint-Denis et du centre commercial O’Parinor à Aulnay. Cheffe de projet de l’association, Marie-Claudine Mbonyinshti explique comment les valeurs de l’ESS guident depuis 20 ans les actions de la structure. « L’Économie Sociale et Solidaire, c’est vraiment le pilier qui aide notre association à élargir et à maintenir ses actions d’accompagnement de personnes en situation de précarité. Et c’est en s’appuyant sur les valeurs de bienveillance de l’ESS que nous travaillons depuis 20 ans à mettre en œuvre un accompagnement social et professionnel pour des personnes vivant avec le VIH et des migrants primo-arrivants. Et puis, bien sûr, être une structure de l’ESS nous permet de bénéficier d’aides et de financements qui nous aident à maintenir le cap pour aider toutes les personnes que nous suivons à retrouver le chemin de la dignité et de l’autonomie. Nous avons été agrémentés chantier d’insertion en 2003 et grâce à la couture ou à la coiffure, nous avons pu soutenir plus de 200 personnes qui souvent ne maitrisaient pas l’écriture ou la langue française. Notre force, c’est de construire des projets individuels avec eux, de bâtir une relation de proximité, une approche humaine qui fait la spécificité de l’ESS. »

 

 

 

LA MARMITE

 

« L’ESS nous permet d’être résilients… »

A Bondy, l’association La Marmite offre temps de répit et repas aux personnes en grande précarité, souvent sans papiers. L’hiver dernier, la structure d’insertion professionnelle a accueilli près de 1500 personnes. Avec « bienveillance et solidarité, le cœur de ce qu’est l’ESS », explique son directeur Aschwin Ramenah. « L’Économie Sociale et Solidaire, c’est pour moi une économie qui se veut vertueuse et socialement responsable. Et, c’est ce premier principe qui nous guide dans l’accueil de jour que nous mettons en œuvre à Bondy au service de personnes vulnérables : on leur offre un accueil inconditionnel, une laverie, un petit-déjeuner et des repas via notre restaurant d’insertion qui emploie une douzaine de personnes. Aujourd’hui, nous sommes le seul accueil de jour de ce type dans le Nord-Est de la Seine-Saint-Denis et nous répondons à un réel besoin puisque l’hiver dernier, en partie en raison de la crise sanitaire, nous avons enregistré un accroissement de près de 60 % de nos bénéficiaires. Dans ce contexte, les valeurs de l’ESS nous permettent d’être résilients, de nous remettre également en question pour rester au service de l’esprit de solidarité et de bienveillance qui anime notre action au quotidien. »

 

LES CUISTOTS MIGRATEURS

« L’ESS, c’est l’ambition du mieux-vivre ensemble »

Depuis 2015, les Cuistots Migrateurs intègrent des réfugiés via une activité de traiteur. En 2022, l’entreprise solidaire ouvrira aussi une vaste école de cuisine à Montreuil. Avec les valeurs de l’ESS au menu pour ses élèves, comme le détaille Alban Martinat, responsable des partenariats des Cuistots. « Les Cuistots migrateurs prennent leur part de ce que doit être l’économie solidaire, c’est-à-dire l’objectif d’une société qui fonctionne avec davantage de justice sociale. Même si notre projet reste économique, on œuvre à favoriser le mieux-vivre ensemble en accompagnant des réfugiés, bénéficiaires d’une protection internationale. Via une formation de 4 mois et demi au métier de commis de cuisine, ils et elles s’engagent dans une reconstruction par le travail qui doit engendrer une meilleure estime de soi, mais aussi favoriser un accès au logement. Bref, tout ce qui peut leur permettre de devenir des citoyens comme tout le monde. »

 

LA RESIDENCE SOCIALE

« Solidarité et utilité sociale, l’ADN de l’ESS »

Cette association gère plusieurs établissements médico-sociaux en Seine-Saint-Denis.  Créée en 1908, elle est même précurseur de l’ESS en Seine-Saint-Denis, comme le rappelle son directeur Mehdi Nabti. « Pour moi, agir dans le domaine de l’économie sociale et solidaire, c’est avant tout se projeter en termes d’utilité sociale. Et c’est ce que fait une structure comme La Résidence Sociale, une association riche de plus de 100 ans d’expérience, qui en créant les premiers centres sociaux de Saint-Denis et Saint-Ouen, a d’ailleurs été un peu précurseur dans le domaine de l’ESS. Aujourd’hui, en Seine-Saint-Denis, la Résidence, ce sont deux ESAT (établissements ou services d’aide par le travail) et un Externat médico-professionnel pour les adolescents implantés à Stains et enfin un Institut Médico-éducatif à Epinay-sur-Seine pour les 3 à 14 ans. Des structures qui sont à moitié médicale et donc, souvent certains directeurs d’ESAT, se sentent un peu moins concernés par l’ESS. Pourtant, l’aide par le travail est l’ADN même de nos établissements, c’est pour cela que l’ESS a beaucoup à apprendre de ce qui se fait dans le médico-social en termes de solidarité et d’utilité sociale. »

 

FER ET REFAIRE

De l’humain avant tout… »

Depuis 2006, « Fer et refaire » fait vivre à Saint-Denis les valeurs de l’ESS via son atelier d’insertion dédié à la confection. Explications avec Véronique Gobillot, codirectrice de la structure dionysienne. « Ma définition de l’ESS, c’est tout simplement le fait de remettre l’humain au cœur des activités économiques, sociales et culturelles. C’est donc construire des projets avec et pour les personnes. Et c’est ce que nous faisons, entre autres, avec notre projet « Repartea » primé par l’Appel à Agir In Seine-Saint-Denis qui, dans le quartier des Francs-Moisins à Saint-Denis, consiste en l’organisation d’ateliers ouverts aux habitants et dédiés à la réparation de vêtements personnels ou d’aide à l’utilisation d’une machine à coudre. Et puis, côté atelier de couture, nous emploierons 21 personnes en insertion d’ici 2022. Là-aussi, ce qui prime en plus de l’économie, ce sont les valeurs humaines pour participer à remettre en selle des personnes éloignées de l’emploi. »

 

LES PETITS DEBROUILLARDS

 

« L’ESS est un vivier d’innovation sociale »

 

Association qui propose des animations scientifiques et de l’éveil à l’esprit critique, les Petits Débrouillards portent une philosophie humaniste au cœur des valeurs de l’ESS. Éclairage avec Meliana Lalouani, responsable de l’association en Seine-Saint-Denis. « Vu du point de vue d’une structure qui agit dans le domaine de l’éducation populaire comme les Petits débrouillards, l’ESS, c’est avant tout l’ensemble des agents économiques et acteurs sociaux qui déploient des projets en pensant surtout à leur utilité sociale et à la solidarité qu’ils peuvent engendrer. Bien sûr, l’ESS est aussi un modèle économique, mais son originalité c’est d’agir avec ce fort impératif de solidarité. C’est ce qui fait d’ailleurs que l’Économie Sociale et Solidaire est aujourd’hui un vivier d’innovation sociale qui se décline en une multitude d’actions et de projets. »

 


Frédéric Haxo