Station-E à Montreuil, l’énergie de la fête est made In Seine-Saint-Denis…

Le 29 juillet 2021

Portée par l’association Atelier 21, la friche urbaine de la Station-E à fonctionne grâce à des énergies renouvelables. C’est donc à la force des mollets et via des panneaux solaires que résonnent, du côté de la rue de Paris, les rendez-vous des « Scènes éco-musicales » du Bel Été solidaire, olympique et évidemment écoresponsable du Département de la Seine-Saint-Denis.

« Grâce à Mariam et Aminata, ce concert est complètement bio ! Merci à elles, même si je ne n’aimerais pas qu’on m’attaque pour exploitation d’enfants ! »

A Montreuil sur le site de la Station-E, une friche urbaine de la rue de Paris alimentée à 100 % en énergie renouvelable, Magou Samb boucle son concert en mode taquin. Mais, dans un grand sourire et avec un regain d’énergie, les jumelles Aminata et Mariam appuient de leur plein gré sur les pédales de deux des vélos qui alimentent en énergie le sound-system d’une des trois scènes d’été-éco-musicales (1) organisées dans le cadre du «  Bel Été Solidaire et Olympique  » de la Seine-Saint-Denis.

Un projet qui parle à Magou Samb, guitariste et chanteur du groupe Mélo’Nomade qui a baladé ses partitions de Saint-Denis à Bagnolet lorsqu’il a quitté son Sénégal natal :

 

« Il est grand temps qu’on se mette collectivement à préserver notre environnement et c’est bien que la Seine-Saint-Denis, un département qui représente un peu notre planète avec toutes les nationalités qui s’y côtoient, contribue à montrer l’exemple.

 

Chez moi, sur la côte à Dakar, il n’y a pas si longtemps tout était vert, il y avait de la mangrove et aujourd’hui tout a disparu ou presque. Alors, chacun doit agir à son échelle. Et quoi de mieux que d’utiliser aussi l’énergie du soleil dont on ne manque pas en Afrique… »

Une expérience énergétique et participative

 

Ni même du côté de la Station-E à Montreuil où il est brûlant en ce samedi de la mi-juillet. De quoi réchauffer aisément les parois du four solaire qui sert à alimenter l’espace restauration du concert organisé par l’association Atelier 21, relayé pour la partie programmation musicale par le collectif AfRoDiZiaK. Lequel s’est spécialisé dans l’organisation d’événements autour de scènes contemporaines musicales africaines tout en portant des valeurs de développement durable. Et pas seulement parce que Magou Samb est l’auteur de « l’homme pollueur », un album sur le thème de la défense de l’environnement. « Lors de chacun de nos concerts, nous mettons en avant le tri sélectif des déchets, l’utilisation des énergies éolienne et solaire, en fait tout ce qui nous permet d’éviter d’utiliser les énergies fossiles », détaille Alex Pradier à la tête d’AfRoDiziak.

Dans ce domaine, la Station-E animée depuis 2018 à Montreuil par l’Atelier 21 est la caisse de résonance idéale. Avec son «  SolarSoundSystem », l’association est devenue depuis 1999 la spécialiste des fêtes alimentées par des énergies renouvelables. Le tout en mode « expérience énergétique et participative » puisque les platines des DJs et la sonorisation des scènes sont alimentées à la fois par des panneaux solaires mais aussi grâce au public pédalant sur des vélos équipés de génératrices. « C’est un cercle vertueux, puisque chez nous, la fête finance nos projets de recherche sur la production d’une énergie durable », explique Pierre-Antoine Gombeaud, en charge de la Station-E au sein de l’Atelier 21.

Sur les traces de la « paléo-énergie »

 

Des projets qui s’affichent en grand sur les murs de la friche du 218 rue de Paris à Montreuil avec quelques illustrations des trouvailles du programme « Paléo-énergétique » d’Atelier 21, autrement dit comment se servir de brevets tombés dans le domaine public pour développer encore et toujours des énergies renouvelables. Large sourire, on trouve, par exemple, le portrait noir et blanc de Karl Kordesch, le « père » de la pile alcaline qui avait trouvé une solution pour redonner vie aux piles jetables au début des années 1980. Une invention tombée dans les oubliettes de l’industrie que Cédric Carles, le fondateur de l’Atelier 21, s’attache à faire revivre depuis 2016 à travers une Regen Box, « un régénérateur de piles à monter soi-même qui est capable de recharger tout type de pile, et en particulier les piles alcalines qui sont dites à usage unique, avec des plans fournis en open source », expose Pierre-Antoine Gombeaud devant l’objet contenu dans une grosse valise noire. Un outil pédagogique qui permet aussi à l’Atelier 21 de fédérer une communauté de testeurs à même « d’identifier à terme les piles avec la meilleure capacité de régénération, avec l’idée derrière de pouvoir en faire profiter le grand public. »

Une Regen Box, également source inépuisable d’éducation à l’éco-responsabilité pour les plus jeunes générations dans différents quartiers de Bagnolet et Montreuil. Dans les centres sociaux et culturels des deux villes, des sessions de création de ce chargeur de piles réalisé à peu de frais sont régulièrement programmées. Sans compter d’autres projets qui mêlent ingéniosité et préservation de l’environnement. Du côté du Centre social et culturel Guy-Toffoletti de Bagnolet, un concept de vélo-machine à laver est ainsi à l’étude. Et, comme pour les scènes d’été-éco-musicales, l’aventure est évidemment menée tambour battant !

 

Frédéric Haxo

Crédits photo: Bruno Lévy

 

(1) Prochain concert gratuit le 21 août. Toutes les infos pratiques, ici !